Essaouira, le souffle de l’Atlantique
Essaouira. Même le nom ondule comme une vague. Cette perle de la côte marocaine n’a jamais été vraiment calme, mais on ne lui en veut pas. Ici, l’Atlantique joue avec le vent, faisant de cette ancienne Mogador un paradis pour les surfeurs, kitesurfeurs et autres chasseurs de houle. C’est un lieu qui n’a pas besoin d’en faire trop : ses ruelles pigmentées, son port où dansent les barques bleues, et son éternel vent d’est suffisent à raconter son histoire.
Mais si vous êtes comme moi — un peu marin, parfois rêveur, souvent à l’affût d’une droite bien tracée —, c’est surtout la proximité de l’océan, rugissante et généreuse, qui vous emmène à Essaouira. Et même si vous n’avez jamais touché une planche, vous y trouverez peut-être ce quelque chose d’électrisant qui vous titille les orteils dès que le vent se lève. Allez, on sort la wax…
Une ville au rythme des marées et du vent
Avant de parler spots, un mot sur le cadre. Essaouira vit au rythme de l’Atlantique. Les pêcheurs lancent leurs filets aux aurores, les chats rôdent entre les tonneaux de sardines, et dans les souks, le cumin se mêle à l’odeur d’iode. Le vent, lui, ne se repose jamais longtemps. Une aubaine pour les sports de glisse, moins pour les coiffeurs. Mais on lui pardonne : c’est ce vent constant qui modèle les vagues et attire les amoureux de l’eau du monde entier.
Parfois, il faut savoir apprivoiser l’imprévisible. Le swell n’annonce jamais vraiment son arrivée, il faut guetter le ciel, observer la courbe des nuages et tendre l’oreille. Mais une chose est sûre : le coin a des trésors à offrir. À condition de savoir où, et surtout quand.
Meilleures périodes pour surfer à Essaouira
Il n’y a pas de saison morte à Essaouira, mais certaines périodes sont plus propices selon votre niveau et vos envies de glisse.
- Octobre à avril : c’est la haute saison pour les surfeurs intermédiaires et expérimentés. Les houles hivernales venues du nord-ouest frappent plus régulièrement la côte, dessinant de belles vagues, parfois généreuses, souvent régulières. L’eau est fraîche (18°C en moyenne), prévoyez une 3/2 ou une 4/3.
- Mai à septembre : les vagues sont plus petites, parfaites pour les débutants. En revanche, le vent thermique est omniprésent, ce qui ravit davantage les kitesurfeurs. Moins de swell, mais plus de possibilités d’apprendre, respirer, s’amuser.
Et si jamais le vent vous joue vraiment des tours, sachez que dans un rayon de 30 km autour d’Essaouira, plusieurs spots profitent de microclimats plus cléments. L’adage local ? « Quand ça souffle trop ici, allez voir là-bas. »
Les meilleurs spots de surf à Essaouira et ses environs
Plage de Sidi Kaouki – La sauvage
À quelques enjambées au sud d’Essaouira (comptez 25 minutes en taxi ou en scooter), Sidi Kaouki, c’est le spot de repli qui finit souvent en coup de cœur. Une vaste plage bordée de dunes, de chèvres nonchalantes, et d’échoppes au thé brûlant.
Le beach break ici offre plusieurs pics, souvent accessibles, avec une orientation qui permet de capter la moindre houle. Spot venté, c’est aussi un repaire de longboardeurs et de rideurs qui aiment avoir de l’espace sous les dérives.
Mon conseil ? Y aller tôt le matin, avant que le thermique ne s’en mêle. Et après la session, filez manger un tajine maison avec les pieds nus dans le sable. C’est simple, et c’est parfait.
Essaouira Beach – L’école de la glisse
C’est la plage principale d’Essaouira, longue, plate, souvent bondée l’après-midi… mais idéale pour débuter. Ici, les écoles de surf fleurissent comme les bougainvilliers. Si vous n’avez jamais tenu sur une planche, c’est ici qu’il faut commencer. Mousseux, fun, tolérant. Tout ce qu’on aime pour les premières galipettes aquatiques.
Vous y trouverez aussi votre bonheur si vous cherchez à peaufiner votre take-off ou à initier les plus jeunes à la glisse. L’ambiance sur la plage est détendue, familiale. Le surf y ressemble à un jeu d’enfants, et c’est très bien ainsi.
Cap Sim – L’outsider
Cap Sim, ce n’est pas tout près (prévoir 40 minutes de route), mais ce n’est pas non plus le bout du monde. C’est un petit bijou pour les riders un peu plus aventureux. Il faut marcher un brin, passer des arbustes courbés par le vent, et scruter l’horizon pour deviner la vague.
Ici, les conditions sont plus techniques, moins stables, mais quand ça marche… c’est de la poésie en barre. Attention toutefois aux rochers et aux courants. Beaucoup y viennent à marée descendante. Peu repartent déçus (sauf les chaussures pleines de sable, mais on pardonne).
L’ambiance locale : surf et thé à la menthe
Essaouira ne se résume pas à ses plages. Ce qui ensorcelle ici, c’est la douceur rugueuse de la ville. Le matin, les surfers s’étirent sous les remparts, planche sous le bras, regard salé. On les retrouve le soir autour d’un tajine fumant ou d’une assiette de poissons grillés achetés directement sur le port.
Ce que j’ai aimé dans cette ville, c’est cet équilibre. On peut y vivre comme un ascète du swell, ou comme un épicurien de passage. Le marchand de henné vous demandera d’où vous venez avec un grand sourire. Le loueur de planche vous racontera comment, enfant, il prenait une porte de taghazout comme bodyboard. Tout est vrai, rien n’est prétentieux, surtout pas les vagues.
Où se poser : dormir et manger entre deux sessions
Essaouira regorge de petites adresses authentiques. Voici quelques suggestions pour profiter pleinement de l’ambiance surf et détente :
- Dar Surf : Riad simple mais chaleureux, tenu par des passionnés de glisse. Ambiance conviviale assurée, planches à louer et petits déjeuners maison.
- Ocean Vagabond : Directement sur la plage. Un spot parfait pour boire un jus frais après une session ou profiter d’un couscous au coucher du soleil.
- Le Chalet de la Plage : Institution locale pour les fruits de mer. Un peu plus chic, mais les calamars grillés valent le détour (et le prix).
Et pour le budget routard ? Pas d’inquiétude. Les petits cafés qui bordent la médina servent des sandwichs au thon, des omelettes baveuses et des salades d’oranges aussi efficaces que peu chères. L’essentiel, c’est de manger bien, surtout après avoir avalé trois litres d’eau salée.
Conseils pratiques avant d’entrer dans l’eau
Quelques astuces glanées au fil des sessions et des rencontres :
- Choisissez bien votre marée : Certains spots fonctionnent mieux à marée basse, d’autres à mi-marée. Les surf shops locaux peuvent vous donner l’info du jour.
- Attention aux oursin(e)s : Certaines zones rocheuses en sont bien garnies. Sandales et vigilance sont vos alliées.
- Matériel : Vous trouverez facilement de quoi louer : shortboards, longboards, combinaisons… même si la qualité peut varier. Pour les plus pointilleux, amenez votre matos.
- Respectez l’océan et les autres : Cela va sans dire, mais ça va mieux en le disant.
Petit bonus ? Apprenez « salam aleykoum » et échangez un rire avec les locaux. Comme on dit en Bretagne, “ça ne mange pas de pain”… mais ça ouvre bien des portes.
Essaouira, souffle d’un rêve salé
Essaouira n’est pas un spot de surf à proprement parler. C’est une escale. Un moment suspendu. Un lieu où les sessions d’aube laissent place aux balades l’après-midi, et où le vent, même un brin grincheux, devient un compagnon de route. Ce n’est peut-être pas Hawaii ou Biarritz, mais justement : cette ville a cette magie brute, cet équilibre entre l’humain et l’océan, entre le chaos du vent et la stabilité du cœur.
Alors que vous soyez débutant curieux ou surfeur émérite, laissez-vous emporter par la houle d’Essaouira. Elle ne promet pas de tout, mais donne bien plus que ce qu’on attendait. Une vague, un tajine, un fou rire… et peut-être, un petit coin de sable à vous seul face au vent.