Quand vient la pluie au Brésil : comprendre la saison tropicale
Le Brésil… pays d’excès, d’embruns amazoniens, de sable brûlant et de cariocas au sourire désarmant. Mais aussi, pays des pluies imprévisibles, des averses soudaines et des ciels qui pleurent aussi vite qu’ils s’illuminent. Voyager au Brésil, c’est embarquer dans une aventure climatique, et mieux vaut hisser la voile au bon moment. Alors, la saison des pluies, faut-il en avoir peur, ou suffit-il d’embrasser la pluie comme un de ces rythmes de samba qui vous prend sans prévenir ?
La saison des pluies au Brésil : c’est quand, exactement ?
Le Brésil est immense — pas loin de 15 fois la superficie de la France — et comme souvent sous les tropiques, le calendrier météo varie selon les régions. On ne parle donc pas d’une saison des pluies, mais de plusieurs visages d’un même phénomène.
- Amazonie : Pluies de décembre à mai. Attendez-vous à une moiteur constante et à des averses surtout l’après-midi.
- Nordeste (Bahia, Recife, Fortaleza…) : Saison humide entre avril et juillet. Le ciel s’assombrit souvent en matinée.
- Centre-Ouest (Pantanal, Brasília) : Pluies abondantes entre novembre et mars. Les pistes deviennent parfois impraticables.
- Côte sud-est (Rio de Janeiro, São Paulo) : Saison des pluies de novembre à mars, caractérisée par des orages intenses en fin de journée.
- Sud du Brésil (Porto Alegre, Curitiba, Foz do Iguaçu) : Les pluies sont présentes toute l’année, mais plus fréquentes entre septembre et mars.
Le cœur de la saison des pluies bat donc entre novembre et mars dans la majeure partie du pays, coïncidant avec l’été austral. À ce moment-là, le ciel peut se fâcher rapidement, mais il retrouve son calme presque aussi vite.
Faut-il éviter le Brésil pendant la saison des pluies ?
Ah, la grande question… Et si je vous disais « pas nécessairement » ?
La pluie au Brésil n’est pas une pluie bretonne qui s’installe pour la semaine. C’est plutôt un déversement céleste théâtral, souvent concentré en fin d’après-midi. Avant et après, le soleil règne. Alors certes, il faut parfois courir se réfugier dans un café ou sous un abribus (les abris de bus au Brésil offrent d’ailleurs d’excellentes occasions d’échange avec des locaux étonnamment bavards), mais l’expérience n’en est pas moins savoureuse.
Voyager pendant la saison des pluies, c’est aussi :
- Profiter de tarifs plus doux sur les hébergements et vols intérieurs.
- Éviter les foules, surtout sur les plages et les sites majeurs comme Iguaçu ou le Pain de Sucre.
- Découvrir une nature verdoyante et luxuriante, particulièrement dans les parcs nationaux.
Si vous cherchez l’âme authentique du Brésil, parfois, un orage bien placé peut révéler la beauté d’une ruelle détrempée, où des enfants dansent entre les flaques et où le parfum de la terre mouillée se mêle à celui du café fraîchement moulu. C’est peut-être là, sous la pluie, que le voyage prend un sens plus profond.
Quels types de pluies peut-on rencontrer ?
La météo brésilienne a plus de facettes qu’un marché aux épices. Le rideau de pluie peut se présenter sous plusieurs formes, et autant dire que ce n’est jamais monotone :
- Averses tropicales : Soudaines, intenses, mais courtes. Une demi-heure plus tard, tout est sec comme si rien ne s’était passé.
- Orages d’après-midi : Spectaculaires, parfois inquiétants, avec éclairs et tonnerre dignes d’un film hollywoodien.
- Pluies fines et persistantes : Plus fréquentes dans certaines zones de l’Amazonie ou du Sud. Elles peuvent ruiner une randonnée si mal préparée.
Mieux vaut emporter un bon imperméable léger, une housse de pluie pour le sac à dos et — pardonnez mon langage de marin — une bonne dose de lâcher-prise.
Les régions à éviter ou à privilégier pendant la saison des pluies
À éviter si vous ne supportez pas l’humidité :
- Le Pantanal : Pendant la saison des pluies, les pistes sont boueuses, les moustiques féroces et certains lodges inaccessibles. Mieux vaut y aller entre juin et septembre pour observer la faune.
- L’Amazonie : La navigation est possible toute l’année, mais de décembre à mai, les sentiers sont parfois inondés. Cela dit, c’est aussi une période où la jungle est dans sa pleine puissance.
À privilégier si vous voyagez entre novembre et mars :
- Fernando de Noronha : Cet archipel de rêve brésilien est plutôt épargné, avec de brefs passages pluvieux.
- Salvador de Bahia : Oui, il pleut plus souvent, mais la ville n’en est que plus vivante, et ses couleurs se parent de reflets mouillés tout simplement irrésistibles.
- Rio de Janeiro : Là encore, attendez-vous à des averses, mais entrecoupées de soleil éclatant. Et les couchers de soleil du Pain de Sucre sous une lumière orageuse ? Magiques.
Et quitte à mouiller les chaussures, autant danser tant qu’à faire. Janvier, c’est aussi le début du Carnaval… alors même sous la pluie, ça tambourine dans la rue.
Que mettre dans sa valise ?
Je pourrais vous dire “un ciré jaune breton”, mais évitons le cliché (et le look canard perdu à Copacabana). Privilégiez :
- Un K-Way compressible, facile à glisser dans un sac de jour.
- Des chaussures de randonnée imperméables, surtout si vous projetez quelques escapades dans la jungle ou les parcs nationaux.
- Une protection étanche pour téléphone ou appareil photo. Mieux vaut prévenir que devoir sécher sa carte SD à la bougie.
- Un maillot de bain : parce qu’au Brésil, même sous la pluie, on plonge.
Et n’oubliez pas un parapluie robuste. Les Brésiliens les utilisent souvent — un parapluie peut même devenir un outil de négociation qui ouvre des conversations inattendues, surtout sur les marchés populaires.
Quelques conseils pratiques pour bien vivre votre voyage
La clé pour vivre un beau périple sous les tropiques ? L’adaptabilité. Voilà quelques conseils glanés lors de mes errances hydratées :
- Planifiez les activités de plein air le matin, avant que l’humidité ne s’installe ou que l’orage ne gronde.
- Évitez les routes secondaires boueuses en saison forte, surtout si vous louez un véhicule sans 4×4.
- Renseignez-vous sur les festivités locales : la pluie n’annule pas les fêtes, elle les transforme. Le carnaval sous les gouttes ? Encore plus vivant.
- Gardez un plan B : galeries d’art, cours de cuisine, musées… Le Brésil regorge d’options pour s’abriter intelligemment.
Mots de fin (et de pluie)
Il y a dans la saison des pluies au Brésil une forme de vérité. Les touristes effarouchés passent leur chemin ; les curieux y trouvent le grain de sel — ou plutôt la goutte d’eau — qui rend le voyage plus humain. Un peu plus imprévisible, certes, mais immensément riche.
Je garde en mémoire une scène à São Luís, dans le Maranhão. Il pleuvait sans arrêt. Mon hamac avait pris l’eau. J’étais trempé, grincheux. Et puis soudain, un gosse a commencé à chanter sous la pluie, en improvisant des pas de forró entre deux flaques. Il m’a vu, il m’a souri, et m’a lancé : “Aqui, a chuva também dança.” « Ici, même la pluie danse. »
Alors, préparez vos sacs, gardez l’esprit ouvert, et laissez-vous surprendre. Le Brésil, lui, vous attend — qu’il pleuve ou qu’il fasse grand soleil.

